D’abord, c’est un bruit lointain, sourd et uniforme. Et peu à peu tous les bruits lui cèdent et en sont couverts […]. La mer, Jules Michelet
At first, it is a distant, dull, and uniform sound. And gradually, all other noises yield to it and are covered by it […]. The Sea, Jules Michelet.
Exposition : Invisible, 2023 | Maison de la Fontaine, Brest, France
“Je suis née de la mer” est une plongée au coeur de l’élément marin. Par un changement d’échelle l’oeuvre nous invite à contempler la vie qui y abondent au niveau microscopique et de cette rencontre inattendue avec des milliers d’organismes infiniment petits naissent des images à la fois surprenantes, irréelles et poétiques. En effet ces décors d’algues demi statiques s’animent peu à peu et l’oeil attentif y découvre de minuscules ballets aquatiques où échinodermes, plancton, ligies océaniques, ascidies et autres invertébrés aux noms plus mystérieux encore s’agitent gracieusement dans une danse du vivant rythmée par une composition sonore chaotique, onirique et libre. La superposition des images à l’écran suggèrent à la fois la métamorphose de la conscience comme phénomène de changement transitoire d’un état à un autre ainsi que les interactions symbiotiques, cohabitations et véritables associations à bénéfices réciproques, observables en abondance à cet échelon de l’univers et dont il serait bon de s’inspirer dans le notre. Une voix donne la réplique à l’ensemble et expose entre vers et prose toute la poésie et la magie de ce spectacle envoutant. “Je suis née de la mer” est une fenêtre ouverte sur un monde imperceptible, fascinant, délicat, ô combien essentiel mais que nous ignorons savamment. C’est aussi une révérence aux femmes et hommes, poètes ou scientifiques, qui, comme Michelet, Vannier, Grall, Eluard et bien d’autres, portent sur le monde un regard curieux et original et nous permettent ainsi de l’aimer parfois, d’en prendre conscience et de le reconnaître.
“I was born of the sea” is an immersion into the heart of the marine element. Through a shift in scale, the artwork invites us to contemplate the life that flourishes at the microscopic level, where this unexpected encounter with thousands of infinitesimal organisms gives rise to images that are both surprising and surreal, yet deeply poetic.
Indeed, these semi-static landscapes of algae gradually come to life, and the attentive eye discovers tiny aquatic ballets where echinoderms, plankton, oceanic ligies, ascidians, and other even more mysteriously named invertebrates gracefully swirl in a living dance, rhythmically accompanied by a chaotic, dreamlike, and free sound composition. The layering of images on the screen suggests both the metamorphosis of consciousness—a transient shift from one state to another—and the symbiotic interactions, cohabitations, and true mutually beneficial associations that abound at this scale of the universe, which we might do well to emulate in our own.